Le Radeau de la Méduse
Le Radeau de la Méduse – bois : hêtre – 2,20 x 3,40 m – 2011
Je suis l’arrière-arrière-arrière petite-fille d’un des survivants du Radeau de la Méduse.
Avec mon travail de sculpture est née l’incontournable nécessité d’exhumer de moi cette histoire. Tailler, donner du corps aux choses, en leur donnant du temps, de la densité, du poids.
Prendre la mesure de l’impensable choix auquel je dois ma vie.
La mer, sépulture mouvante. Vestiges de corps. Ce qui surnage. Qui atteindrait la rive. Quand on se dépossède de tout ce qui est humain, de l’appris.
En état d’inconscience, dans les racines du corps.
L’indomptable.
L’irréductible nécessité de vivre.
Le besoin impérieux de se nourrir.
Être un ensevelissement.
Sentir se faire en soi le long travail de la disparition.
Les tentations de la folie.
Se faire engloutir là, ne plus lutter.
Vertige de sentir qu’on tire son sang de là, qu’on est fait de ça, qu’on l’aurait fait aussi.
C’est cet instinct qui a porté jusqu’à moi.
Son sang, le mien, tout a passé.
Ça m’appartient, j’étais potentielle dans ces actes.
J’étais potentielle dans cette viande morte.
Qu’est ce qu’on transmet?
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