Les Chevaux du Lac Ladoga
Vue d’atelier – Chevaux de taille réelle, dimensions au sol de l’installation : 5 x 2,5 m – bois : tilleul, érable, orme – 2017-2021
En 1942, durant le siège de Léningrad, un incendie dû à des bombardements aériens se déclara dans la forêt de Raikkola. Pour en échapper, les chevaux de l’artillerie soviétique se jetèrent dans le lac qui gela soudainement.
Dans son roman Kaputt, Curzio Malaparte décrit ainsi le spectacle s’offrant aux hommes le lendemain :
« Le lac ressemblait à une vaste surface de marbre blanc sur laquelle auraient été déposées les têtes de centaines de chevaux. Les têtes semblaient coupées net au couperet. Seules, elles émergeaient de la croûte de glace. Toutes les têtes étaient tournées vers le rivage. Dans les yeux dilatés on voyait encore briller la terreur comme une flamme blanche. Près du rivage, un enchevêtrement de chevaux férocement cabrés émergeait de la prison de glace… »
Hubert Reeves a utilisé l’histoire des chevaux du lac Ladoga pour expliquer le phénomène de surfusion :
«Si le refroidissement est rapide, comme en cette nuit de décembre, la glace tarde à se former. L’eau demeure liquide bien en dessous du point théorique de congélation. Cet état est instable. Mais quelques grains de sable, jetés brusquement, déclenchent un gel immédiat. Les poils fins des chevaux russes se ruant dans le lac ont suffi à précipiter l’étau de glace qui leur a servi de tombeau. Autour des grains de sable ou des crinières fines, la glace prend et se propage rapidement jusqu’à immobiliser toute la nappe liquide. »
Mes chevaux du lac Ladoga s’inscrivent dans une longue recherche très personnelle sur la survie : trouver le point de rupture où l’imminence de la mort rend le désir de vie hurlant et où les corps s’expriment avec le plus de violence. Ces chevaux figés par la glace sont saisis dans leur plus grande détermination à vivre. Leur plus grand élan à vivre.
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